CMF Global Citizen UN

Claretian Missionaries – PROCLADE Internazionale

Building a new world

Accueillir les migrants africains ODD 10, 16 FR

par | Mar 30, 2021 | Europa, Gente | 0 commentaires

 

Sauver l’humanité

José Antonio Benítez cmf

 

Aux îles Canaries, nous vivons un véritable drame. D’autre part, nous sommes capables d’enquêter sur les causes qui la produisent. Malheureusement, nous vivons cette réalité au quotidien, ce qui provoque le rejet chez les uns, l’indifférence chez les autres, et le silence complice chez d’autres encore. Mais il y a aussi des réalités ecclésiales, des groupes de la société civile, des associations, des forums, des plateformes, des ONG… qui ne regardent pas ailleurs, ni ne ferment les yeux, mais cette réalité leur donne à réfléchir. Et elle éveille en nous la miséricorde, la compassion, l’espoir, la dénonciation et la recherche de solutions viables, avec des attitudes de résistance parfois face à tant de rejet. 

L’humanité elle-même est la seule chose qui peut nous sauver, lutter pour un monde où la migration est un droit réel et respecté. Et il est également essentiel de considérer très sérieusement le droit des personnes à ne pas devoir migrer.

 

Les migrations reflètent, d’autre part, les lacunes des régimes politiques et économiques. Les lacunes de notre propre système. Le mépris de la dignité humaine et de la vie est à l’ordre du jour de ce système inhumain. Les images choquent tout être sensible et minimalement conscient. Les différentes routes de l’exode humain ont parmi leurs particularités le dénominateur commun du danger et de la mort, de la faim, du racisme, des guerres, des trafics, des mafias, du manque de scrupules pour défendre un minimum de dignité humaine… La violence structurelle, la marginalisation historique et les projets néocoloniaux et le néolibéralisme marquent les principales causes de cette tragédie.

 

Nous sommes nombreux, chrétiens du Sud de l’Europe, à avoir reçu un appel à vivre et à annoncer l’Évangile dans la réalité du rejet, de l’exclusion, de la périphérie et, concrètement, dans le défi que pose la réalité de l’immigration dans notre monde. La réalité est là et elle n’est pas neutre. Il peut être regardé différemment et, selon les yeux avec lesquels on le regarde, la perception est différente, l’analyse est différente et les conclusions sont diverses, voire contradictoires.

C’est un appel à construire le Royaume de Dieu, à réaliser le projet d’amour et de fraternité que Dieu le Père a pour notre monde. Il s’agit de rendre à toutes ces personnes leur dignité de fils et de filles de Dieu. Aujourd’hui, en particulier, ce qui se passe aux frontières du sud de l’Espagne, et plus précisément sur notre île, avec les immigrants qui sont arrivés sur le soi-disant quai de la honte, et qui sont maintenant transférés dans des camps macro « humanitaires », qui ont tout de moins humanitaire, crie au ciel les déportations traitant les gens comme s’ils étaient des criminels. Le seul crime qu’ils ont commis est qu’ils sont venus en Europe sans permission et sans documentation ! Leur seul crime est une infraction administrative ! 

 

Cette réalité interpelle beaucoup d’entre nous et nous invite à chercher, dans une attitude de discernement, quelle est la volonté de Dieu pour nous dans chaque situation concrète. Nous devons écouter l’appel de Dieu dans chaque contexte et répondre au désir profond de Dieu, réduit au silence par le bruit du monde et détourné par les intérêts politiques et économiques.

 

Encore une fois, le point clé est le discernement dont le pape François nous parle tant ces derniers temps, qui nous permet de répondre à cette réalité sociale de l’exclusion à partir de ce qui est le plus urgent, opportun et efficace, comme dirait le père Claret. Pour moi, le critère fondamental de discernement est le Projet de Jésus, le Royaume, contextualisé dans cette situation historique.

En tant que missionnaire clarétain affecté au quartier de Las Rehoyas à Las Palmas de Gran Canaria, je suis appelé, malgré tout, à être l’auteur de la fraternité face à ce drame. J’essaie de le vivre en l’incarnant avec simplicité et espérance, en favorisant la communion d’une présence samaritaine sur les routes d’un monde, très stigmatisé, et où la souffrance de ces personnes vulnérables a des résonances très particulières, tant dans ma communauté clarétaine que dans la communauté paroissiale que nous avons la chance de partager. Nous aspirons à élever les valeurs du royaume : paix, justice, vie et droits pour tous, sans aucun doute nous assumons une posture prophétique et transformatrice. Nous cherchons dans notre façon de penser et de vivre la mission à partir d’un nouveau paradigme qui respecte la dignité et les droits de chaque personne.

 

Notre frère Casaldáliga nous a lancé un défi aux croyants avec une proposition prophétique : voulons-nous sauver le système ou voulons-nous sauver l’humanité ?  Le système tue. Du point de vue concret de l’accompagnement des migrants, il est clair que je veux être là et sauver l’humanité, et je me positionne, encore aujourd’hui, du côté des plus vulnérables. Cela demande un discernement continu afin de vivre en plus grande cohérence avec les besoins réels de nos frères et sœurs.  

 

José Antonio Benítez cmf

 

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *