« Si
un jour vous voyez… » A propos des personnes aveugles et voyantes
Miguel Ángel Velasco cmf
cmfUNteam
Chaque matin, je reçois un courriel des Nations unies avec les
principales nouvelles du monde entier. Je vous encourage à vous abonner au
courrier électronique ; il renvoie à la page https://news.un.org, en dix
langues ; la vôtre en fait sûrement partie. Les pages de ce site des Nations
unies sont pleines de nouvelles du monde entier. On peut y trouver, aujourd’hui
1er juillet 2020, des nouvelles comme celles-ci : « La pandémie de COVID-19
peut signifier des décennies de retard dans le développement durable » ;
« En Colombie, la paix est une autre victime de la pandémie de
COVID-19 » ; « Un super cyclone menace l’Inde et le Bangladesh en
pleine pandémie de coronavirus » ; « L’Afrique a besoin de paix pour
vaincre le coronavirus ». Ce sont toutes des nouvelles de l’organe de communication officiel des
Nations unies, « News.un.org ».
Au cours de cette deuxième semaine
du HLPF, nous avons pu voir les présentations de rapports volontaires (VNR) sur
la mise en œuvre de l’ODS2030 dans chaque pays. Pour moi,
c’est la troisième année consécutive que j’entends ces rapports et la partie la
plus intéressante de la présentation est la séance de questions des Grands
groupes et des parties prenantes. Il convient de reconnaître la valeur des
rapports nationaux ; nombre d’entre eux fournissent des idées très
intéressantes pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Mais il y a aussi des
pays qui utilisent la NRV pour faire la publicité de programmes qui n’existent
pas dans un pays imaginaire. Il est dommage que des opportunités d’apprentissage et de changement
soient ainsi gaspillées. Heureusement, il existe de nombreux autres moyens de
savoir ce qui se passe dans chaque pays ; nous, les patients qui regardent le
VNR, nous réalisons ce que le rapporteur concerné essaie de faire et sommes parfois
remplis de tristesse et parfois d’indignation. C’est pourquoi je disais que la
chose la plus intéressante, pour moi, au sujet du VNR, ce sont les questions et
les demandes des « grands groupes et parties prenantes », c’est-à-dire
des ONG et autres organisations. Dieu merci, nous
sommes la société civile !
Que se
passe-t-il ? L’ONU ignore-t-elle la réalité du monde ? Le Secrétaire général de
l’ONU ne veut-il pas s’engager ? Les dirigeants des dizaines d’agences du système
onusien ne quittent-ils pas leurs bureaux à New York ou à Genève ? La réponse est clairement NON ; et la preuve en
est dans les déclarations du Secrétaire Général, Antonio Gutérres ou dans les
nouvelles offertes par « News.un.og ». L’année 2019 a été une année
d’examen approfondi des méthodes et des réalisations dans la mise en œuvre de
l’Agenda 2030 sur les SAO. Dans les conclusions du HLPF 2019, on a entendu des
conclusions qui dictaient de nouvelles façons de faire et de dialoguer sur les
SAO. Plus précisément, la nécessité de modifier le HLPF-VNR pour en faire un
véritable forum de dialogue et de débat. En cette année 2020, des propositions
ont été faites pour réorganiser l’ONU afin qu’elle réponde aux urgences du XXIe
siècle et ne reste pas ancrée dans les inerties de 1945.
Au cours de
ces journées, les intervenants du FHN et les représentants des agences des
Nations unies insistent, avec une constance à toute épreuve, sur le fait que
l’Agenda 2030 est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Il représente la voie
à suivre sur des questions telles que : les peuples – les droits de l’homme, la
conservation de la planète, le développement durable, la paix – la
réconciliation – l’inclusion et les alliances entre pays. Les rapports présentés
sont clairs quant à l’impact très négatif de la COVID-19 sur les progrès
réalisés dans le monde. Pourquoi alors le système HLPF-VNR n’a-t-il pas été
amélioré ou le renouvellement de l’ONU n’a-t-il pas été discuté ? Pourquoi le
rapport volontaire sur la mise en œuvre de la SAO2030 décrit-il un monde
idyllique et non la situation réelle ?
Il est
difficile de changer un pays, donc il est plus difficile de changer le monde
entier. Le monde est « enveloppé dans le brouillard de COVID-19 » et,
bien sûr, de nombreux membres de l’ONU le sont. Le changement de l’ordre
mondial s’est accéléré ; les pays les plus influents, ou conglomérats, du monde
se réorientent, mais on ne sait pas très bien comment le « nouvel ordre
mondial » sera forgé, si tant est qu’il le soit. Il semble que, pour de
nombreux pays, pour l’instant, le mieux soit de ne pas reconnaître la réalité
et de faire ce qu’on dit que l’autruche fait quand elle voit venir le danger :
enterrer sa tête dans le sol ; ce qu’on ne fait d’ailleurs pas.
Nous devons reconnaître
que nous sommes dans un moment très difficile pour l’humanité. Nous voyons le
chemin où nous devrions aller et nous percevons également les forces qui
tentent de nous détourner du droit chemin. La société civile a beaucoup à dire
ici, et les religions encore plus ; nous ne jouons pas avec les chiffres, mais
avec la vie des enfants de Dieu. Il y a une
chanson de Godspell qui dit : « Si un jour tu vois, que tout va
mal… » ; je pense que c’est notre cas. Cette même chanson se termine par
« Tu vois, tout se termine bien ! Nous sommes des croyants, n’est-ce pas ?
Miguel Angel Velasco cmf
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