Miguel Ángel Velasco cmf
Membre clarétain de l’équipe de l’ONU
Aller au-delà de la COP25. Quelque chose sur la géopolitique
L’opinion des États-Unis sur l’accord de Paris dépend de l’administration en place à chaque instant. Le président Obama a prononcé un discours à l’Assemblée générale des Nations unies qu’il a fait avec beaucoup d’émotion et d’engagement en faveur de l’Agenda 2030 ; il a notamment accepté l’Accord de Paris. Le président Donald Trump a décidé, juste après son élection, de se retirer de l’accord. La raison qu’il avait de le faire était ses liens avec les compagnies pétrolières et gazières et l’investissement de ces compagnies dans ce secteur d’activité, notamment en ce qui concerne l’investissement « Shale Technic oil and gas » et les pipelines pour le transport de ces ressources. Les États-Unis étaient dépendants des pays du Golfe persique sur le plan énergétique ; il s’agissait d’un problème géostratégique fondamental. Le développement de la « Shale Technic » était la solution pour répondre à ce problème et aussi pour augmenter considérablement les exportations de combustibles et de gaz. La solution à cette dépendance stratégique n’est pas seulement la « technique du schiste » mais aussi une option pour la « technique de l’énergie verte ». Les administrations Obama et Biden cherchent un équilibre entre la « technique du schiste » et la « technique de l’énergie verte » en augmentant les dernières. C’est la façon de donner une solution correcte à ce problème stratégique pour les Etats-Unis, mais l’administration Trump semblait trop proche des compagnies pétrolières pour penser aux « énergies vertes » comme la bonne solution.
Après la désintégration de l’URSS, la Russie s’est présentée comme un pays ayant deux produits primaires à vendre au reste du monde : des matières premières et des armes, parfois des céréales. Le pétrole et le carburant sont les exportations les plus importantes de la Russie ; ils représentent 52% de ses exportations ; nous avons vu ces statistiques dans la première partie de cet article. Il n’y a pas si longtemps, la Russie était l’URSS, un puissant empire, mais avant de devenir l’URSS, la Russie était un grand empire fait d’âme européenne et asiatique. Aujourd’hui, la Russie ne veut pas rester une puissance secondaire dans le monde. La Russie veut être importante dans le concert international mais n’a qu’un levier pour le faire : les énormes ressources en gaz et en pétrole. Les matières premières russes, en particulier le pétrole et le gaz, sont la monnaie du changement et de la pression de la Russie dans ses relations avec l’Union européenne et la Chine. Les ressources énergétiques sont un élément puissant pour les relations internationales. À titre d’exemple, le récent conflit avec l’Ukraine, après l’invasion de la Crimée, y compris les tensions avec l’UE et l’OTAN ; derrière tout cela, il y avait le gaz russe et certains pipelines traversant l’Ukraine. Mais l’Europe doit examiner attentivement chaque décision prise avec la Russie, car elle dépend fortement du gaz russe. La Russie sait également que la Chine a besoin de ressources énergétiques et les utilise dans ses relations diplomatiques. La Russie n’est pas intéressée par les limitations de carburant ou de gaz déterminées par l’Accord de Paris ou l’Agenda 2030 ; elles sont son arme la plus puissante dans les relations internationales et elle veut les utiliser.
La Chine est aujourd’hui l’usine de fabrication du monde. J’ai déjà donné quelques données sur la quantité d’énergie dont la Chine a besoin pour jouer ce rôle dans le monde. La Chine aura besoin de plus de puissance dans les années à venir parce qu’elle doit augmenter son PIB, pour maintenir la paix dans le pays. La Chine produit du pétrole et du gaz, mais surtout du charbon ; elle a besoin de réseaux d’oléoducs et de gazoducs et de voies maritimes sûres pour recevoir ces ressources. Cela est nécessaire pour le moment mais le sera encore plus à l’avenir si la Chine veut réduire sa consommation de charbon. La Chine est le premier producteur mondial de panneaux solaires et l’un des plus grands producteurs d’éoliennes ; la production d’énergie verte augmente en Chine mais ne suffit pas à ses besoins en énergie. Ce pays est convaincu que la réduction de la combustion du charbon est nécessaire pour obtenir un air pur dans ses villes, aujourd’hui totalement polluées, mais il a besoin de cette énergie pour se développer de plus en plus. La Chine est confrontée à un dilemme important et il lui faut trouver une solution équilibrée. La Chine est actuellement le plus grand consommateur de charbon au monde ; quand décidera-t-elle de cesser d’être la première ?
L’océan Arctique, maintenant au milieu.
La Chine déploie la « route et la ceinture » par voie terrestre et maritime ; l’objectif est de créer une route pour atteindre l’Europe occidentale et relier l’Asie du Sud-Est. La Chine a besoin de ces routes commerciales pour acheminer le carburant et le gaz du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de la Russie, mais elle en a aussi besoin pour vendre ses marchandises. Il existe différentes routes de la Chine vers l’Europe : par la mer, par le détroit de Malacca, et sur terre en suivant l’ancienne route de la soie. Pour éviter le détroit de Malacca, en cas de conflit avec les pays de la zone, la Chine cherche des alternatives pour livrer ses marchandises à l’Europe, la solution de la route du Nord par l’océan Arctique.
La Russie est le pays qui possède la côte la plus étendue de l’océan Arctique. Cette partie du globe offre à la Russie une connexion facile avec l’Europe du Nord et l’Amérique du Nord, mais cette zone est également riche en gaz, en pétrole et en « minéraux de terres rares », et constitue également une zone de pêche très riche. La Russie crée et agrandit des ports maritimes et des villes tout le long de la frontière nord du pays, au bord de la mer arctique.
La Chine et la Russie sont très intéressées par l’ouverture de cette route maritime de l’Asie-Pacifique vers l’Europe du Nord et l’Amérique. Il n’y a qu’un seul problème : la glace. Mais si cette glace disparaît, garder la route de l’océan Arctique libre de glace sera un incroyable cadeau commercial et stratégique pour la Chine et la Russie. Pourquoi la Chine et la Russie ne sont-elles pas particulièrement préoccupées par le réchauffement de la Terre ? Peut-être pensent-elles qu’il n’est pas si mal d’augmenter un peu le réchauffement de la Terre, en gardant à l’esprit l’ouverture de la route de l’océan Arctique. Ce n’est qu’une spéculation, ou peut-être pas ?
L’avenir de l’accord de Paris sur le climat
En ce qui concerne la solution au changement climatique, même si nous inscrivons cette question dans l’agenda 2030, il est essentiel de respecter l’accord de Paris, au niveau mondial et dans chaque pays. Il est essentiel de donner aux peuples du monde des messages d’avertissement sur l’avenir désastreux de notre planète si nous ne faisons rien. Il est également important d’envisager des stratégies internationales et diplomatiques globales pour trouver la stratégie et les actions correctes. Nous devons être réalistes pour défendre notre monde pour les générations futures. Les universités, les sociétés multinationales, les ONG et les donateurs vont dans la bonne direction ; par ailleurs, l’un des pays qui s’oppose à l’aide à la planète, les États-Unis, est en train de changer de stratégie. Il y a des possibilités d’un accord équitable sur le CO2 et d’autres choses environnementales à Glasgow.
Miguel Ángel Velasco cmf
Membre clarétain de l’équipe de l’ONU
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