III. L’UNDRIP, le ministère, et la construction de la paix et du dialogue
Robert Omondi, Apiyo, cmf
Dip. Sciences du développement humain
B.A. en philosophie ; B.A. en ministère social,
Coordinateur JPIC St. Charles Lwanga Ind. Del.
Coordinateur Clarétains au PNUE
Député indépendant clarétain de St. Charles Lwanga : Afrique de l’Est
L’UNDRIP, la pastorale des jeunes indigènes et la paix
La tranche démographique que l’État et l’Église définissent comme un groupe homogène de jeunes constitue également ce que le groupe indigène du nord du Kenya appellerait les Moraans. Il s’agit de jeunes guerriers indigènes très mobiles, traditionnellement préparés à assurer la sécurité défensive et offensive dans une zone très volatile caractérisée par une longue tradition de razzias armées de bétail. La pastorale de la jeunesse dans cette région doit tenir compte du fait qu’il existe une population importante de jeunes qui appartiennent à la catégorie des Moraans. Il existe donc un lien étroit entre la pastorale de la jeunesse et la pastorale de la paix dans ces régions.
En ce qui concerne la fourniture de l’éducation en tant que bien public, l’éducation formelle sédentaire conçue par l’État et les programmes d’études ne tiennent pas compte de la réalité distincte des jeunes guerriers indigènes très mobiles et actifs (Moraans). Il s’agit d’un groupe vital et sensible qui est traditionnellement mis à part pour assurer la sécurité physique de l’écosystème vivant des peuples indigènes. Dans la mesure où l’économie du peuple autochtone est principalement basée sur l’élevage, l’écosystème pastoral produira systématiquement des Moraans pour assurer la sécurité physique dans une zone hautement volatile caractérisée par des voleurs de bétail bien armés.
Au sein de l’église, les guerriers moraans, par âge, appartiennent à la catégorie des jeunes. Ils seraient donc un groupe cible pour la pastorale des jeunes. Pourtant, compte tenu de leur grande mobilité et de leur formation à la vie de guerrier, l’église n’a pas trouvé une manière innovante de les évangéliser ou de les accompagner. Les différentes entités des bureaux Justice et Paix de l’Eglise doivent encore trouver un moyen d’atteindre leur univers unique en tant qu’acteurs principaux sur le sujet de la paix et de la sécurité. Bien que l’Église ne soit pas liée par l’UNDRIP en tant que cadre, elle a l’obligation d’étudier la réalité de l’écosystème vivant des peuples autochtones avec de nouvelles perspectives. Ces lentilles doivent l’aider à redéfinir une approche de l’évangélisation qui soit adaptée à leur écosystème unique. Cela impliquerait également de relire les doctrines sociales récentes telles que Laudato Si, non pas comme un document « vert », mais avec une clé herméneutique intégralement humanisante qui inclut la prise en compte du corps de l’Église que constituent les populations autochtones.
Le cadre de l’UNDRIP et les meilleures pratiques de la congrégation
La présence des Clarétains parmi les indigènes Turkana dans la mission de Ngaremara, dans le Vicariat Catholique d’Isiolo, approche de la décennie. Nous devons encore établir une approche ministérielle distincte, stratégiquement conçue pour un apostolat réactif parmi les populations pastorales sujettes aux conflits. Il est évident que l’adaptation du cadre de l’UNDRIP dans un État non signataire serait un défi. Il existe cependant des modèles dont nous pourrions nous inspirer pour enrichir notre ministère auprès des populations autochtones d’une manière qui se rapprocherait du cadre de l’UNDRIP. Une conférence continentale particulière dont nous pouvons nous inspirer est celle de Claretians in the Americas (MICLA).
Vers la construction d’un écosystème pastoral pacifique à travers des opérations de développement et de recherche [Centro-Ppedro].
Le cadre de l’UNDRIP peut également être utilisé comme un guide dans la congrégation en initiant un ministère pour servir les causes spécifiques et distinctes des peuples indigènes. À ce sujet, la congrégation a la chance de disposer d’un riche héritage ministériel pour servir la cause des peuples indigènes en la personne de feu l’évêque Pedro Casaldàliga cmf. Dom Pedro considérait le « monde indigène » comme un domaine pastoral unique et distinct. Il a également compris la nécessité de l’application simultanée de l’approche basée sur les droits de l’homme (HRBA) et de l’approche basée sur la distinction (DBA).
Il a clairement indiqué que sa première priorité d’évangélisation était d’être au service des peuples indigènes. Il a également parlé d’un ministère pastoral indigène, conçu pour récupérer l’identité de tous les peuples indigènes, leurs pleins droits, leurs territoires, leurs cultures et, au sein de ces cultures, leurs langues particulières (la langue est la moitié de la culture d’un peuple ; tant qu’un peuple conserve sa propre langue, il reste « ce » peuple). Il a également affirmé que la question de la terre doit être au centre de la pastorale des peuples autochtones. Cela, a-t-il observé, ne peut se faire efficacement qu’après la formation des leaders des peuples autochtones en les éduquant sur leurs droits. Enfin, il a souligné l’importance de former une coalition de missionnaires pour les peuples indigènes afin de former une solidarité prophétique au nom des peuples indigènes.
Notre mission parmi les communautés pastorales de la mission Isiolo-Kenya a également besoin d’un certain niveau de reconfiguration. Inspirée par l’esprit de Dom Pedro et les normes de l’UNDRIP, elle doit se réorganiser pour servir Las Casas pour les peuples indigènes. C’est pourquoi des réflexions ont été entamées à un niveau inférieur pour une initiative de paix appelée Centro- Ppedro. Pedro » fait ici référence à l’inspiration de la personne de feu l’évêque Pedro Casaldàliga cmf pour l’établissement d’une approche ministérielle de la paix pour la construction d’un écosystème pastoral pacifique à travers des opérations de développement et de recherche [PpEDRO].
Robert Omondi, Apiyo, cmf
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