Les clarétains. Notre appel à être des réconciliateurs et des pacificateurs
Partie III : La tâche qui attend les clarétains
J.M. Joseph Jeyaseelan, CMF
Sri Lanka
En tant que membres de l’Église qui sont des chrétiens catholiques vivant notre vocation sur les traces de Saint Antoine Marie Claret, nous sommes invités à faire nôtre le ministère de la réconciliation, quel que soit le lieu que nous servons. Le monde a besoin de paix et de réconciliation. Dans l’Autobiographie de notre fondateur, nous le rencontrons comme une personne profondément concernée par les réalités sociales qui l’entouraient. On peut le voir surtout pendant la période où il était à Cuba. Notre fondateur se souciait des pauvres et de leur bien-être. Il voulait faire quelque chose pour corriger les problèmes systémiques afin que les pauvres et les marginalisés puissent vivre dans la dignité et la paix.
– Notre Saint Fondateur, Saint Antoine Marie Claret, était pour la résolution des conflits et l’établissement de la paix. Lorsque l’Espagne était en plein bouleversement politique, notre Fondateur a fait ce qu’il a pu pour établir la paix. « Comme Claret est l’administrateur de sa ville, le bureau de l’évêque et le gouvernement de Barcelone écrivent à Claret pour le supplier de travailler pour la paix et l’harmonie. Il fait part au gouvernement local de sa satisfaction et de sa volonté d’œuvrer dans ce sens » (Annuaire de la ville de Barcelone, 15 mai).
– Claret ne s’engagerait pas dans des partis politiques ou des révolutions (Aut 522) mais travaillerait pour le désarmement, la paix et la réconciliation (Aut 523). Il ne soutiendra pas non plus ceux qui tentent d’atteindre des objectifs politiques sous l’influence de la haute fonction qu’il occupe à la cour royale (Aut 629).
– De plus, nous lisons dans l’autobiographie que notre fondateur a fait preuve d’une grande compassion envers l’un de ses adversaires et a pardonné si librement. Le fait qu’il ait été blessé à Holguin et la façon dont Claret a géré tout l’incident est un grand exemple de pardon et de magnanimité (Aut 574-578). Nous trouvons également que notre fondateur avait le cœur d’amour et de pardon dans la façon dont il a traité ceux qui l’ont calomnié. Il a prié pour ses ennemis (Aut 628).
Fidèle à l’esprit de notre Saint Fondateur, le document du XIXe Chapitre général « La mission du clarétain aujourd’hui » nous a donné une orientation claire : « Garder un contact étroit et vivant avec les différentes structures et urgences pastorales de l’église locale, en particulier celles qui concernent la famille, la jeunesse, les laïcs, les droits de l’homme, la justice et la paix ». (213). Cette convocation a été poursuivie par les documents ultérieurs du Chapitre général : « Nous renforcerons le service de qualité dans le domaine de la justice, de la paix et de l’intégrité de la création (Hommes de feu avec amour 61.7) ; « … nous nous sentons appelés à conformer notre vie et notre mission à un dialogue prophétique (interconfessionnel, interreligieux, politique, etc.) et en signe de compassion. ) et comme un signe de compassion. Et à partir de là, nous favorisons ce qui unit, réconcilie et apporte la paix, abat les murs qui séparent, soutient ceux qui travaillent pour la paix et la réconciliation, quelles que soient leurs croyances ou leurs perspectives (Missionarii Sumus 13).
Afin d’accomplir efficacement le ministère de la réconciliation, nous sommes appelés à prendre au sérieux le modus operandi appelé « mission partagée ». La transformation du monde n’est pas entièrement entre nos mains. La mise en réseau avec d’autres personnes partageant les mêmes idées, qu’elles viennent d’une église sœur, d’une entité gouvernementale ou non gouvernementale, ou d’un organisme international comme l’UNICEF, est indispensable. D’autres ont des ressources que nous n’avons pas. Ils peuvent avoir une expertise dont nous pouvons bénéficier. Nous avons des ressources et une expertise que d’autres n’ont pas. La Congrégation nous a donné des orientations claires à cet égard : Participer activement à la défense et à la promotion de la vie, de la justice et de la paix, en collaborant avec d’autres organisations religieuses ou civiques (Qu’ils puissent avoir la vie 67.4) ; et « collaborer dans les réseaux (tels que les ONG), la mission partagée et les projets des autres (Missionarii Sumus 57.3).
En suivant les traces de notre fondateur, nos missionnaires sur les différents continents ont travaillé pour la paix et la réconciliation.
– Les Clarétains qui sont morts en martyrs, dont certains sont vénérés comme « bienheureux », n’ont jamais prononcé un seul mot de haine ou de vengeance. Ils ont prononcé des paroles de pardon et prié pour leurs ennemis.
– Depuis 2012, nous sommes présents aux Nations unies. Nous sommes une ONG qui se concentre sur les domaines suivants : le changement climatique, les migrations et les réfugiés, les peuples indigènes, la paix et la réconciliation. Cela montre que notre congrégation s’est engagée à promouvoir la paix et la réconciliation.
Aujourd’hui, pour chaque clarétain, pour chaque communauté clarétaine, et pour chaque organisme majeur clarétain, le ministère de la réconciliation devrait être un engagement clé.
Personnellement, j’ai vu et expérimenté l’efficacité des efforts collectifs pour construire une citoyenneté pacifique et une société promouvant la paix. J’ai vécu cette expérience au Sri Lanka (Conseil national pour la paix, Alliance of Justice et Organisation nationale des intellectuels), en Afrique du Sud (Institut de guérison des mémoires), aux Philippines (Institut de consolidation de la paix de Mindanao et autres groupes de base pour la consolidation de la paix dans la région de Mindanao) et au Kenya (Institut Shalom et une pléthore d’autres organisations). C’est merveilleux de travailler en réseau et d’apprendre de chacun d’entre eux.
Au Sri Lanka, ma collaboration avec le Healing of Memories Institute et d’autres groupes universitaires, de la société civile, d’ONG, œcuméniques et interreligieux a été une expérience enrichissante. Nous ne changerons pas le monde du jour au lendemain ! Par nos petits efforts, nous essayons de guérir les blessures de la guerre, d’aider les gens à célébrer la diversité comme un don et de les inviter à être des citoyens épris de paix en recherchant la justice avec justice, en pardonnant avec magnanimité et en cherchant ardemment la réconciliation avec l’autre ethnique et religieux.
Le fait d’être avec d’autres apprenants, activistes et survivants, et de travailler avec eux, a été une grande chance d’apprendre l’art de construire la paix ensemble. En novembre 2019, nous, les Clarétains, avons organisé un atelier de formation pour les bâtisseurs de la paix et nous avons formé plus de 30 hommes et femmes.
« Heureux les artisans de la paix » (Mt 5,9).
J.M. Joseph Jeyaseelan, CMF
Sri Lanka
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