Josep M. Abella, cmf
Évêque de Fukuoka (Japon)
Il a été supérieur général des Missionnaires Clarétains (2003-2015)
J’ai toujours été impressionné par les paroles de Paul VI dans l’encyclique « Populorum Progressio ». Le Pape, face aux réalités de la pauvreté, de la marginalisation et de la violence présentes dans tant de régions du monde, écrit dans le numéro 3 de l’encyclique : « L’Église est secouée par cette crise d’angoisse et appelle tous à répondre avec amour à l’appel de leurs frères et sœurs. Ce frémissement est à l’origine de l’engagement des religions au service de la paix, de la justice et de la fraternité universelle.
Je me souviens de la visite que j’ai eu l’occasion d’effectuer dans les camps d’extermination d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne. Ils ne laissent personne indifférent. Alors que je visitais les différentes salles, face à cette histoire d’horreurs, une question m’est venue à l’esprit que beaucoup ont dû se poser en visitant ces camps de la mort : où était Dieu quand tout cela se passait ? La foi est mise à l’épreuve et certaines des certitudes qui nous avaient été inculquées sont remises en question. Cependant, si nous réfléchissons plus profondément, nous nous rendons compte que la question n’est pas là. La véritable question est la suivante : où avons-nous jeté et abandonné ce cœur capable de souffrir face à la douleur d’autrui et de se rebeller face à l’injustice et à la violence ? Dieu nous l’a donnée pour que nous puissions nous laisser guider par elle. La foi purifie nos images de Dieu et ne nous permet pas d’imposer à Dieu les responsabilités que nous devons assumer. Le « frémissement » dont parlait Paul VI soulève des questions et met en route la recherche de réponses. Nous ne pouvons pas rester indifférents.
Le cheminement de la foi et de l’expérience religieuse nous confronte à ces questions fondamentales et nous guide dans la recherche de réponses qui orientent notre pensée et notre conduite vers la tâche joyeuse et difficile d’écrire l’histoire de l’humanité dans un langage de fraternité, de paix et de justice pour tous. Une expérience religieuse saine nous humanise et nous prépare à cette tâche.
C’est ce que Jésus nous a enseigné. Il suffit de regarder l’Evangile pour comprendre où mène une expérience profonde de Dieu. Elle nous place inévitablement devant les autres et devant la réalité de ce monde qui, pour les chrétiens, n’est pas une propriété dont on peut disposer à sa guise, mais un don dont il faut prendre soin et qu’il faut partager entre tous. Le pape François l’a magnifiquement exprimé dans le numéro 281 de l’encyclique « Fratelli tutti » : « Dieu ne regarde pas avec ses yeux, Dieu regarde avec son cœur ». La foi en ce Dieu nous conduit sur ce même chemin. La « compassion » devient, dans ce cas, la catégorie fondamentale de notre façon de voir la réalité et de nous y rapporter.
Ce que nous disons de la foi chrétienne, nous pouvons aussi le dire des autres traditions religieuses. La nouvelle prise de conscience de la nécessité d’un dialogue entre les différentes traditions religieuses et d’une collaboration urgente entre elles au service de l’humanité est une base sur laquelle peuvent et doivent naître des projets concrets qui contribueront à construire une nouvelle fraternité entre les individus et les peuples. Cette attitude de dialogue en dehors des sphères de pouvoir est essentielle pour construire aujourd’hui une universalité humaine inclusive et de bas en haut, à partir des plus pauvres et des plus marginalisés. Après la Révolution française, de grands efforts sociaux ont été faits pour grandir dans la liberté et l’égalité – bien que souvent sans résultat – mais la grande dimension inexploitée reste la fraternité.
Le dialogue interculturel et interreligieux est aussi passionnant que difficile. Le dialogue avec d’autres traditions religieuses révèle de nouvelles façons de poser les questions fondamentales de sens et nous permet de voir la beauté des réponses qui ont été données tout au long de l’histoire de l’humanité. L’expérience de la fraternité universelle est élargie et renforcée et, en même temps, l’expérience de Dieu est approfondie. De là naît avec force le désir de faire de cette fraternité une réalité dans notre monde ; un désir qui, traduit en actions et projets concrets, contribuera à faire progresser la paix entre les peuples et constituera une contribution importante à la réalisation des « objectifs de développement durable » (ODS) que les Nations unies ont déterminés pour les années à venir.
Josep M. Abella, cmf
Évêque de Fukuoka (Japon)
Il a été supérieur général des Missionnaires Clarétains (2003-2015)
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